Une enfance en nORd
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Madame la défenseure des droits, chère Claire Hédon,
Monsieur le fondateur de la Maison de la Méditation, qui nous accueille en ce lieu, cher Fabrice, Mesdames et messieurs, chers chacune et chacun
Je suis très émue… d’être ici, de vous voir tous et toutes autour de moi, de recevoir cet honneur et ce, de vos mains, Madame Claire Hédon. Je vous ai choisie pour me remettre cet insigne parce que vous êtes défenseure des droits. Votre travail au quotidien, votre engagement, est la protection des droits des hommes, des femmes et des enfants contre toute violence. Je vous ai aussi choisie parce que vous avez été présidente d’ATD Quart-Monde… La première association pour laquelle j’ai milité. Enfin, presque.
La toute première, j’avais une douzaine d’années, c’était une association de défense des animaux que nous avions fondé, sans la déclarer, avec des amies de l’école : l’AESD. Tu te souviens, Laurence ? Merci d’être encore à mes côtés et désormais investie dans l’écoute et l’approche empathique de l’enfant plus de cinquante ans plus tard ! AESD, les Amis des Êtres sans Défense. Évidemment nous avons essuyé moultes railleries sur le fait que nous défendions tous les animaux sauf les éléphants… Déjà, je tapais des articles à la machine à écrire sur des stencils et la ronéo de papa imprimait notre journal de quatre pages entre deux tracts féministes et pro droit à l’avortement. Car mon père était engagé dans ces combats pour les droits des femmes, tout en se laissant servir par la sienne… D’où mon exigence de congruence… Cet écart dont j’étais témoin entre les valeurs professées et les comportements m’a incitée à être vigilante à mon quotidien, attentive à ce que l’on continue à me dire « Tu es dans la vie comme dans tes livres ». Je compte sur vous pour me dire si ce n’était un jour plus le cas.
Pour l’AESD, nous vendions nos journaux pour donner ensuite l’argent à la SPA. J’étais déjà dans l’idée que des informations originales et intéressantes pouvaient conduire à considérer la vie d’autrui, fût-elle animale, avec respect voire admiration et donc diminuer la violence. Rencontrer, connaître, comprendre permet d’aimer.
Revenons à ATD quart monde. Votre parcours, madame Hédon, souligne pour moi que vous choisirez toujours l’humain et l’être avec plutôt que l’argent et le pouvoir sur. Recevoir cette décoration de vos mains a du sens. Parce qu’il me semble que ce fossé entre le goût de l’argent et le goût des autres n’a jamais été si profond. Et si les journaux tentent actuellement de me trainer dans la boue du lucre, en laissant accroire que mon seul mobile aurait été de faire de l’argent, toute personne me connaissant, ne serait-ce qu’un peu, ne peut que rire à cette idée si éloignée de moi. J’ai été exposée très tôt à la complexité des rapports entre classes sociales et aux enjeux de l’inclusion de la différence. Petite fille d’intellectuels à l’école élémentaire dans un quartier défavorisé, j’étais tenue à l’écart par les autres enfants, je connaissais trop de mots. Leurs parents hésitaient à ce qu’elles jouent avec moi parce que j’étais fille de psychologues, de psychanalyste ! Quel métier étrange… Pas facile d’être différente. J’en ai conçu une grande timidité que j’ai conservé jusqu’à ma psychothérapie. Ce n’était pas de la faute des autres enfants, ni de leurs parents… Le rejet de la différence prend racine dans les peurs et dans la honte. J’ai toujours pensé que les adultes de l’école n’avaient pas joué leur rôle. Un peu de parole entre enfants aurait pu diminuer les peurs et la honte et tisser des ponts, de la connexion. Le rejet est une violence, il déclenche de la douleur et la soumission. Chaque être humain a le droit d’éprouver le sentiment de sécurité du fait de se sentir appartenir. De cette enfance, j’ai conservé cette direction : rencontrer, écouter, connaître, comprendre et libérer la parole et le goût de la différence. J’espère avec toi, Fabienne, transmettre ce goût aux enfants dans notre prochain livre sur l’inclusion des enfants sur le spectre de la neurodiversité.
Je devais avoir 25 ans quant à ATD quart-monde, j’ai pu apprendre d’hommes et de femmes vivant dans l’extrême pauvreté. Parlant avec eux, les écoutant, j’ai pu mesurer qu’ils ne manquaient pas que d’argent, ils avaient besoin de lien, d’un regard horizontal et non pas descendant, condescendant. ATD quart monde m’a ouvert les yeux sur les dynamiques subtiles du pouvoir, sur l’articulation du pouvoir sur et du pouvoir de. En donnant un réfrigérateur à une personne dans la pauvreté, on le rend débiteur, on prend le pouvoir sur lui. En lui proposant ce même réfrigérateur pour 5 francs (à l’époque on était en francs), on adapte certes le marché à son pouvoir d’achat, mais il peut éprouver le pouvoir de, le pouvoir d’acheter. Il conserve sa dignité. Il n’est pas moins qu’un autre, un faible à qui le puissant donne. Cette question du don, du pouvoir sur et du pouvoir de est restée très présente dans ma pensée jusqu’à aujourd’hui. Dès mon premier livre, Le corps messager, on voit apparaître cette notion de deux besoins humains fondamentaux, la connexion, l’appartenance et la liberté, le pouvoir de, que je nomme désormais pouvoir personnel ou pouvoir d’agir.
Les deux premières années de ma vie, mes parents n’avaient guère d’argent, ma mère travaillait énormément. Mon père faisait l’armée et avait du temps libre pour s’occuper de moi… Nous vivions dans une seule pièce, minuscule. Mon berceau dans leur chambre, j’ai donc eu la chance de ne pas être séparée de mes parents la nuit ! Connexion. Merci maman de m’avoir donné naissance. Merci de m’avoir appris l’empathie, de m’avoir donné le goût du travail sans relâche et du prendre soin d’autrui, de m’avoir transmis un peu de ta fantastique énergie et de courage de vivre. Quelques représentantes de ta famille Cosson sont là, mes cousines et nièces Charlotte, Héloïse, Lola.
Merci papa, tu n’es pas dans cette pièce, mais tu reposes tout proche au cimetière du Père Lachaise. Merci de m’avoir transmis ton goût du beau, de la pédagogie et de la belle langue, ça c’était familial. Avec un grand-père académicien et une grand-mère institutrice, il fallait être à la hauteur, je me souviens du seul commentaire de grand-mère quand elle a lu un de mes livres : du bon français et sans faute d’orthographe ! Merci mon oncle Pierre, autre académicien de la famille, d’être là et ma famille indienne Vasundhara, Mani et Bhama. Mon premier voyage en Inde, à l’âge de 14 ans, avec vous, et avec toi, Vincent, a profondément marqué ma vie. En Inde et au Sri Lanka grâce à ma tante, Kaky qui ne peut être là, votre maman Marguerite et Marie, mes cousines. Les voyages forment la jeunesse. Oui, cette occasion de sortir de sa zone de confort, de rencontrer d’autres cultures, d’autres modes de vie, a été essentielle dans mon parcours. Eh oui, on ne pense pas partout comme en France… On ne vit pas partout de la même façon. Écouter, rencontrer, connaître, comprendre.
J’ai donc reçu enfant mon comptant de connexion et de liberté. Née du projet de mes parents d’éduquer des enfants sans violence, je suis la preuve vivante du fait qu’une éducation sans punition peut rendre un enfant responsable et empathique et ne fait pas un enfant roi. Si mes frères et sœurs ne sont pas devenus non plus des enfants rois, ils n’ont pas eu tout à fait la même enfance, car face à des fils, les traumas de mon père resurgissaient très fortement. Il supportait mal le bruit, les conflits, et partait pour ne pas se montrer violent. C’était une autre violence, celle de l’absence, du silence. Il n’a pas su, pas pu, donner à mes frères et peut être à ma sœur ce qu’il m’avait donné. Merci Vincent, Jean-Denis, Karina, pour la qualité de notre relation. Merci d’avoir été mes frères et ma sœur et de m’avoir tant appris sur la fratrie. Mes frères ont eu la liberté, mais pas la connexion avec leur père trop violenté dans son enfance… Nous savons aujourd’hui que les traumas de l’enfance altèrent le développement du cerveau. Diminution du volume du cortex préfrontal, du corps calleux et du cervelet, diminution de la taille de l’hippocampe, baisse de récepteurs à ocytocine et dopamine, et hyperactivité de l’amygdale… Entre dissociation et mémoire traumatique, mon père ne parvenait pas à réguler ses émotions autrement qu’en se coupant de lui-même et des autres. Même désirant bien faire, un parent peut être démuni s’il reste soumis aux traumas de son enfance. Le soutien à la parentalité ne peut se contenter de donner quelques conseils et de laisser les parents à eux-mêmes en leur disant « faites-vous confiance ». Nous devons mesurer l’impact du trauma et accompagner toutes les victimes pour qu’elles ne deviennent pas agresseurs, ni ne retournent la violence contre elles dans une dépression, une addiction, une maladie. Maintenant que la science nous montre ce que nous savions déjà dans nos cœurs, ne rien faire pour stopper la traumatisation des enfants, c’est faire preuve de complicité criminelle. Mais la culture de la violence est si répandue qu’elle en devient invisible. La violence envers les enfants, sous couvert d’éducation, violence sexuelle incluse, est banalisée. On se heurte encore trop souvent à un refus de voir, à moins que cette culture de la violence et de la traumatisation ne serve quelqu’intérêts. Je n’ose y croire. Synchronie, ce 9 et 10 mai, à Genève, le Comité des droits de l’enfant de l’ONU auditionne la France sur la mise en œuvre de la Convention internationale des droits de l’enfant qu’elle a signé, et qui donc fait loi en France. Relevons que chez nous, à ce jour, on peut engager des personnes non qualifiées pour s’occuper des bébés, on condamne des mères voulant protéger leur fille et on confie cette dernière au père qui les viole, on a une loi qui interdit les violences… mais elle est peu connue, peu comprise, et donc peu respectée. Et on permet des incitations à la violence envers les enfants sur le service public. Une large marge de progression s’ouvre devant nous. Pour que la lettre de la CIDE soit respectée, son esprit doit être compris. Un enfant est un être de droit à part entière, avec des besoins que chacun doit connaître.
Jeune adulte, après avoir eu deux accidents de voiture coup sur coup, sur l’incitation de ma maman j’ai commencé une psychothérapie… j’ai compris qu’il y avait des raisons inconscientes derrière nos comportements. Merci à feu Alain Crespelle, mon premier psy, qui m’a ouvert ce chemin et tant appris. C’est à cette époque aussi que j’ai rencontré Danièle Rapoport et Marie-Claire Busnel, deux grandes dames du lien mère-enfant et de la bientraitance. J’accompagnais mes parents aux réunions de groupes travaillant sur la périnatalité, défendant la cause des bébés… déjà… Puis, j’ai fait des études de psy, mais surtout, je me suis formée en thérapie corporelle et émotionnelle néo reichienne, en Analyse Transactionnelle, en PNL… Nicolle, Marik, mes compagnes de cette époque… Merci d’être ici. Sept ans plus tard, j’ouvrais mon cabinet de psychothérapeute. Merci Isabelle Crespelle, ma principale superviseure d’être encore aujourd’hui à mes côtés.… Tu sais combien j’ai reçu de patients, contrairement à ce qu’ose affirmer un magazine sans reculer devant un mensonge aussi grossier. Quoiqu’il y ait un grain de vérité dans le fait que je n’aurais pas reçu de patient, puisque toujours dans un souci de sortir de la verticalité et des jeux de pouvoir, dans la tradition de Carl Rogers, nous parlons de clients, mot dérivant dans l’étymologie latine de cluere : entendre.
Une psychothérapeute explore le système qui entoure la personne aujourd’hui et va déterrer dans les traumatismes de l’enfance les racines du mal être, de la violence projetée sur autrui ou retournée contre soi… J’ai lu Alice Miller, me suis rapprochée d’elle. C’est là que j’ai rencontré Muriel Salmona, Olivier Maurel qui n’a pas pu venir, Michel Meignant, puis Gilles Lazimi, il y avait aussi Jacqueline Cornet, aujourd’hui décédée. Nous voulions une loi interdisant les violences dans l’éducation. Ce n’est que bien des années plus tard qu’elle a enfin été promulguée, merci à ton action déterminante, Edwige Antier.
Vers 30 ans, j’ai rencontré la non-violence. Je lisais Gandhi et Martin Luther King… je me suis renseignée. J’ai découvert le MAN, Mouvement pour une alternative Non-violente. Puis Non-Violence actualité et Alternatives non violentes… J’y ai appris la non-violence politique et ai continué à explorer les dynamiques de pouvoir. Un colloque a rassemblé les mouvements non-violents… Et nous nous sommes dit que nous avions tout intérêt à rassembler nos forces. Pour cela nous avons créé la coordination des mouvements non-violents dont j’ai été secrétaire dix ans au côté d’Hervé Ott, en ce moment même hospitalisé pour un cancer au cerveau. Tout mon soutien, Hervé. La coordination est devenue Non-Violence XXI, merci François Marchand d’être présent pour marquer cette partie de ma vie.
Soigner les conséquences des traumas de l’enfance, ça va un temps… Et si on arrêtait de traumatiser les enfants ? Il fallait fournir aux parents, aux enseignants, à tous les adultes en contact avec des enfants des ressources pour ne pas être violent… J’ai écrit, formé, enseigné, parlé à la radio, répondu à des milliers d’interviews… pour faire passer des idées, pour peu à peu faire évoluer le regard sur les enfants. Merci à mes amis psy, diffuseurs et militants. Vous m’avez dit récemment pour me soutenir face aux attaques combien mes livres vous avaient aidé personnellement et combien ils avaient inspiré toute une génération, ça m’a énormément touché. Joanna, Céline, Jean-François, Cédric, et ceux qui n’ont pas pu être là, Héloïse, Marine, Dorota, Catherine mais n’en sont pas moins à mes côtés.
Parmi les violences faites aux enfants, les violences sexuelles, si dévastatrices, méritent une attention particulière. J’ai fait partie des psys qui ont préféré croire les femmes et les hommes violés dans leur enfance. Leurs émotions, leur corps ne mentaient pas. Dans mon cabinet, j’étais témoin de l’ampleur du problème. A la fin des années 80, je travaillais au journal Psychologies, nous avons réalisé un numéro entier sur l’inceste… j’ai milité contre l’excision, témoigné au procès d’une exciseuse. La lutte contre les violences sexuelles est un combat de longue haleine. Merci, Arnaud, Laurent et Muriel encore, d’être là aujourd’hui. Et toi, Margot aussi. On nous dit qu’on ne peut comparer l’inceste, la grave maltraitance et une attitude éducative autoritaire… mais nous savons que les violences s’inscrivent dans un continuum parce que c’est une question de regard sur l’enfant. Est-ce qu’il est un pervers manipulateur ou un être de besoins et de droits ? En octobre dernier, le sondage de l’IFOP a mis en évidence que 79% des parents ont déclaré avoir commis une violence envers leur enfant dans la semaine précédant l’enquête… Ce chiffre est hallucinant. Et pourtant si vite enterré. La banalisation de la violence doit cesser. Les enfants ont des droits, dont celui d’être entendus, écoutés, aimés.
Fin 93, ma fille Margot est née et deux ans plus tard, Adrien… Et là, un immense merci à Claude Didierjean-Jouveau, pour avoir accompagné et permis mon allaitement et tant appris sur l’attachement et sur la physiologie. Et merci Suzy, Marta, et maman d’avoir été là pour nous entourer, Margot, Adrien, Jean-Bernard et moi. Étant maman, j’ai entendu dans ma tête les milliers de questions qui se posent à un parent, j’ai éprouvé dans mon cœur les immenses vagues d’amour et dans mon corps parfois, des impulsions de violence… Alors j’ai écrit Au cœur des émotions de l’enfant pour fournir aux parents des clés de compréhension de ce que vivaient leurs enfants. Je profite de ce passage pour dire merci à mes éditeurs présents : Isabelle Laffont, Fabrice Midal et Sophie Rouannet de me faire confiance et d’oser sortir des livres originaux. Trouver son propre chemin. Un livre d’exercices de développement personnel alors que ça n’existait pas encore. C’était une idée de Florence Belfond et elle nous a permis de nous connaitre, Fabrice. Un livre avec des dessins J’ai tout essayé, alors que ça ne se faisait pas encore. Merci à mes amis neuroscientifiques présentes : Fabienne, Josette, Catherine, Karen. Merci aux journalistes qui informent et assurent la diffusion des idées. Merci Isabelle, de La Vie, d’être là ce soir.
Quand nos enfants étaient petits, effarée que l’école n’ait guère évolué depuis que je l’avais quittée, nous avons décidé Jean-Bernard et moi de créer notre propre école associative, nous l’avons nommée École Européenne Alternative, l’école où on aurait envie d’aller. Elle a ouvert une journée avant fermeture administrative, surveillance policière et procès d’urbanisme… Brigitte, Henri-Bruno, Patrice, vous êtes des témoins de cette belle et douloureuse aventure. Suite à ce blocage à St Maur des Fossés, nous avons émigré vers Aix en Provence pour inscrire nos enfants dans une école Freinet, une école qui respecte la parole et les droits des enfants, notamment leur droit à la participation. Merci Jean-Bernard, mon ami, mon compagnon, mon mari et père de nos enfants. Tes cendres reposent au Père Lachaise. Merci à ta famille, Gérard, Carole, vous avez été autour de moi au moment du deuil et depuis. Nous nous soutenons mutuellement.
Dans cette pièce il y a aussi mes amis, de différentes époques de ma vie. Par ordre d’apparition dans ma vie Laurence, Do, Marina, Caroline et Caroline, Olivier, Marie-Catherine, Mathias, le soutien que vous m’apportez est inestimable.
Merci à mes élèves et désormais collègues qui propagent mon travail, Laura, Chantal, Stéphanie, Violène, Florence qui êtes présentes et tous les autres. Et merci Stéphanie, tout juste certifiée coach parentale, élève de mes élèves, seconde génération en quelques sorte.
Il faut un village pour élever un enfant… C’est ce que nous avons martelé lors de la commission des 1000 premiers jours. Romain est retenu à l’hôpital. Merci, Gilles et Nathalie d’être présents. Et toi, Tove, conseillère du ministère norvégien de l’éducation et la recherche dans le département de la petite enfance, venue spécialement de Norvège ! Johanne a dû repartir au Canada la semaine dernière. Boris est là en pensée, ainsi qu’Antoine et je ne peux pas ne pas mentionner sa femme, Nicole qui m’a tant inspirée. Ensemble, nous avons tenté de faire bouger les lignes, nous avons, avec les autres experts de la commission, produit un rapport qui souligne les besoins des parents pour mieux entourer leur bébé, leur bambin, qui parle d’attachement, un rapport qui inspire sur le terrain et insuffle un nouvel espoir, un nouveau regard sur l’enfant. Ici ou là, des maisons des 1000 jours commencent à poindre et le DU1000 jours lancé avec le Pr Laurent Storme à Lille livrera sa première promotion fin juin.
Et si on allait vers une enfance en Or ? Ton livre, Marion Cuerq, témoigne de l’impact de l’imprégnation d’une culture sur les parents. En France, un enfant doit « bien se tenir », le regard des autres adultes sur le parent est jugeant, on entend les gens penser « il devrait mieux tenir son gamin » … En Suède, un enfant est un enfant. Il lui arrive de faire du bruit, de déborder, de ne pas se maîtriser… c’est un être de droit. Le regard des autres adultes est empathique et soutenant… C’est pourquoi il ne suffit pas d’aider un parent puis un autre, il est nécessaire de changer le regard de toute la société, en commençant à la dimension d’une ville.
Quand lors du voyage d’études organisé par Ensemble pour l’Éducation, à la mairie d’Oslo. Merci encore Tove pour la qualité de ton accueil et des partages d’expérience autour de la petite enfance. A la mairie, donc, j’ai entendu qu’Oslo était Trauma Informed City, Ville Informée sur le trauma, et que cela signifiait un engagement de la ville à ce que toute personne en contact avec un enfant soit formée à ce qu’est un trauma, à sa prévalence, à en repérer les conséquences, à l’attachement et aux effets des ruptures d’attachement, au développement du cerveau de l’enfant, à écouter et répondre pour ne pas risquer retraumatiser… Je suis tombée de ma chaise… C’était possible ? De retour chez moi, j’en parle à un diner à Marseille… Un coup de fil plus tard, rendez-vous était pris avec l’adjointe au maire concernée et l’aventure était lancée. Changer le regard de toute une ville… Passer de l’accusation « qu’est-ce qui ne va pas chez toi ? » à « qu’est-ce qui t’es arrivé ? » Utopique ? Si Philadelphie a réussi, pourquoi pas Marseille ? Le projet Marseille, ville non-violente est en marche. La ville de Montpellier suit de près. Montpellier Stop-Trauma est en marche. D’autres villes se disent intéressées. Rêvons. Jean-Bernard, mon amour et futur mari me disait au début de notre relation « ce que j’aime chez toi, c’est que non seulement tu rêves… mais tu les réalises ». Pour réaliser mon rêve d’un changement de regard sur les enfants, j’ai des projets de films et d’actions pour promouvoir une parentalité empathique et sans violence, j’en ai avec : Greg, Katia, Laurent, Xavier, Nelly, Frédéric, Mario. Merci d’être là.
Il y a toutes sortes de facteurs qui impactent le bonheur d’un enfant. Loïc, tu m’as fait découvrir la fantastique influence des yeux et de la posture. Enfin, redécouvrir, car ophtalmo avant d’être indianiste, mon grand-père a travaillé sur la convergence et a nommé son fils, mon père, Rémy en l’honneur de l’inventeur du diploscope. Et j’ai appris hier combien mon père et ma mère avaient travaillé étroitement avec le Pr Baron… Ophtalmologiste et père de la posturologie en France. A l’hôpital Ste Anne, dans le service du Pr Soulairac, ma mère faisait passer des tests psychologiques, figure de Rey, Wheschler… avant et après rééducation avec des prismes et mon père étudiait le tout. Restaurer ma convergence m’a libéré de peurs… Les yeux impactent la posture… donc tout l’être, en passant par la mâchoire… Cette mâchoire sur laquelle Marc, Karen, Patrick et Guillaume… vous m’avez tant appris. L’orthodontie pédiatrique apporte des réponses à nombre de questions posées par les difficultés de sommeil, d’alimentation, d’élocution, de concentration, de maîtrise des émotions, d’apprentissage… des enfants d’aujourd’hui.
Bref, vous avez compris que chacun d’entre vous êtes présent ici parce que vous partagez ce même engagement contre les violences ou m’avez soutenu. Merci d’être autour de moi. C’est grâce à chacune et chacun que je suis ici aujourd’hui. Et plus particulièrement grâce à toi, Nathalie Casso-Vicarini. Bien sûr, au ministère et à l’Élysée on avait lu mes livres… mais c’est toi qui la première m’a auditionnée sur le soutien à la parentalité dans la commission de prévention et de lutte contre la pauvreté et c’est cette première audition qui a fait son chemin jusqu’à l’Élysée jusqu’à ce que je sois missionnée vice-présidente de la commission des 1000 premiers jours. Merci Nathalie, et merci Didier pour cette fantastique aventure que nous poursuivons, cette aventure qui a permis à ce rapport de voir le jour et peut-être de commencer à changer le regard sur les 1000 premiers jours, sur le trauma, sur le stress, sur l’importance de l’attachement… sur les besoins et les droits des enfants.
J’ai conservé mes enfants pour la fin. Merci Margot, merci Adrien, d’être les fabuleuses personnes que vous êtes, de me montrer chaque jour que cette éducation sans violence porte ses fruits et forme des adultes engagés, respectueux d’autrui, responsables et empathiques. Libres et en connexion.
Merci encore Madame Hédon.