Quel bonheur de se plonger dans le livre de Marion Cuerq. On se prend à rêver d’une société où l’enfant serait le bienvenu. Le premier chapitre raconte comment la Suède est passée de 94% des enfants de 3 à 5 ans recevant tapes et fessées en 1974 à 0,3% des parents estimant possible de les en menacer en 2018 ! C’est l’histoire d’un changement de regard de méfiant à confiant.
Marion Cuerq analyse ces deux grandes visions de l’enfant diamétralement opposées et décrit comment les suédois ont opté pour la confiance et adopté leur posture à hauteur d’enfant, préférant la coopération des petits plutôt que leur obéissance. En Suède, il n’y a pas d’éducation “positive”, c’est l’éducation tout court. Elle n’a plus besoin d’être nommée telle parce qu’elle est devenue la norme. Marion Cuerq souligne cette différence culturelle et va plus loin. Elle dénonce combien, paradoxalement, en donnant un nom à l’éducation bienveillante on fait exister la violence. C’est comme s’il s’agissait d’une option, d’un tiroir dans une commode, dit elle, qu’on peut refermer… et non de ce qui est naturellement dû à l’enfant.
Quand les enfants suédois voient comment les petits français sont traités, ils sont déstabilisés, effarés, ils ne comprennent pas. Ils ne voient pas “l’éducation, la discipline”. Ils ne voient que la violence. Et on mesure en les entendant combien ils ont raison. Marion Cuerq nous explique ensuite la convention des droits de l’enfant, dénonce la légende de l’enfant roi, Super Nanny, et tout ce qui nous enferme dans notre culture de la violence. Puis Marion nous emmène au coeur de la vie suédoise, à la découverte de leurs secrets.
Bref, un livre riche, très documenté, vivant, passionnant, qui fait réfléchir à notre posture et permet d’ajuster le cap… J’ai tant aimé cet ouvrage que j’ai eu envie d’inviter Marion Cuerq à en parler ensemble lors d’un live.
Et pour que l’entretien soit plus riche encore, si vous le lisiez d’ici là ? Vous pourrez lui poser toutes les questions que l’ouvrage suscite !