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13 mars 20238 Mars — Jour des droits des Femmes
Un jour pour s’arrêter, observer les femmes, les hommes, les enfants, nos rapports les uns avec les autres.
Un jour pour contempler les avancées. Il n’y a pas si longtemps dans notre pays, et encore dans de trop nombreuses contrées dans le monde, les femmes devaient obéir à leur mari, elles étaient internées lorsqu’elles faisaient des crises. On les a considérées comme hystériques, capricieuses, malicieuses, perverses… des êtres d’émotion incapables de raison, cherchant à séduire pour mieux manipuler… – Tiens, il semblerait que ces mots puissent parler d’un autre groupe humain –
Un jour pour mesurer que bafouer les droits d’une partie de l’humanité bafoue les droits de tous, car inévitablement refuser à une femme du pouvoir d’agir, refuser sa participation, l’humilier, la dévaloriser, la maintenir en dépendance, en soumission, empêche l’amour de s’épanouir. Et ce tant d’un côté que de l’autre. Le dominant ne peut risquer d’aimer vraiment puisqu’il risquerait d’y perdre du contrôle. Il doit réprimer son empathie, ses sentiments, ses émotions, sa vulnérabilité. Il ne peut laisser l’amour le déborder. La dominée ne peut laisser exploser son désir, la puissance de son amour. Elle doit rester “inférieure”, se réprimer. Elle le fait au point de perdre sa confiance en elle. Comme je le souligne dans mon livre “Fais-toi confiance”, la perte de confiance en soi est une réponse biopsychophysiologicosociale à une situation de domination d’autrui sur soi. On a besoin de se sentir en sécurité pour s’abandonner à la puissance de l’amour. Nous sommes des êtres sociaux. Le sentiment de sécurité intérieure vient de la satisfaction de nos besoins humains fondamentaux d’attachement/de connexion authentique et de liberté/pouvoir d’agir. Faute de se sentir en sécurité du fait de la satisfaction de ces deux besoins, l’attention de celui qui se présente comme protecteur devient cruciale. Nombre de femmes ont ainsi appris à confondre amour et dépendance. La peur de l’abandon prime alors, invite à des comportements de soumission qui limitent l’intimité parce qu’ils interdisent l’authenticité.
Pour que stoppent les violences contre les femmes, nous devons expérimenter d’autres voies que ces circuits auto-renforçants de pouvoir et de domination. Il y a continuum dans les violences. Si de trop nombreuses femmes meurent sous les coups des hommes, sont violées par des hommes, cela s’inscrit dans une culture patriarcale. De la même façon, pour que diminue le nombre d’enfants violés ou tués par leur mère ou leur père, c’est toute la culture relationnelle de domination que nous avons à remettre en cause au profit d’une dynamique plus empathique : nourrir les besoins d’attachement/connexion et de liberté/participation/pouvoir d’agir (à la mesure de l’âge et de capacités) de chacun au sein de la famille.
Les droits des femmes et les droits des enfants sont profondément liés. Non pas parce que ce sont les femmes qui s’occupent des enfants, mais parce que c’est le même processus qui est à l’œuvre dans un cas comme dans l’autre, la même assise dans une culture patriarcale. Ce n’est pas un hasard si les pays où l’égalité homme-femme est la plus développée sont aussi ceux qui font la plus grande place aux enfants et au respect de leurs droits.
Un jour pour considérer le chemin qui reste à parcourir. Même s’ils nous blessent et nous diminuent, les rapports de pouvoir sont confortables. D’une part parce que nous y sommes habitués et d’autre part parce qu’ils sont encore culturellement valorisés. De plus, ces rapports nous sont si familiers puisqu’imprimés en nous depuis notre prime enfance, que nous y sommes aveugles. Nous ne les repérons tout simplement pas tant ils s’expriment de manière subtile dans notre quotidien. Comment ouvrir les yeux ? Chaque fois que le comportement ou le besoin de l’autre nous apparait comme un caprice, comme une futilité, comme une agression… nous pouvons stopper, regarder et ouvrir nos oreilles et notre coeur pour écouter. La clinique de l’attachement nous montre combien ignorer l’autre, ne pas lui répondre, refuser une connexion, refuser d’entendre une émotion est déjà une violence. Il est fondamental de continuer de militer pour l’égalité des salaires, pour le respect de nos différences biologiques dans le dosage des médicaments ou dans les tests de sécurité, pour une meilleure représentativité en politique et dans les instances dirigeantes des entreprises, etc. Et pour que tout cela évolue, il est aussi nécessaire d’être attentifs à nos rapports les uns avec les autres au quotidien. Respecter les droits des femmes et ceux des enfants, respecter de manière générale les droits humains d’autrui n’est pas toujours confortable, mais c’est la voie vers une vie non seulement plus juste, mais plus aimante et plus joyeuse.
Isabelle Filliozat